Actuellement, l'attention est tournée vers les places internationales, où le baril enregistre des niveaux record dépassant les 88 dollars. Les prévisions mondiales tablent sur une poursuite de cette frénésie pour atteindre les 90 dollars, voire plus.
Cet état des lieux de la conjoncture internationale aurait des implications directes et indirectes sur l'économie tunisienne tant en terme de croissance qu'en terme de politique nationale énergétique. La Tunisie a choisi la politique d'ajustement des prix comme axe principal de la stratégie de lutte contre la flambée des cours des hydrocarbures, en plus du programme national de la rationalisation à la consommation de l'énergie. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : compte tenu de la nouvelle donne énergétique et des prévisions mondiales de croissance, y aura-t-il des ajustements de prix des hydrocarbures en perspective ?
En quatre ans, le cours du baril est passé de 28 dollars à plus de 80 dollars, enregistrant un taux de croissance de 65%. Un boom lié à maintes raisons exogènes dont : l'accroissement de la demande mondiale notamment celle en provenance des pays asiatiques, les tensions géopolitiques et la baisse des réserves mondiales de pétrole. Ces facteurs ont eu et auront toujours des répercussions directes ou indirectes sur le budget de l'Etat et sur les prévisions de croissance. Et en dépit de l'accroissement de la production de l'énergie et des résultats notables enregistrés en matière de maîtrise de l'énergie, les facteurs précédemment cités, auxquels s'ajoute la hausse de la demande nationale en produits pétroliers, rétrécissent les marges bénéficiaires prévisionnelles du secteur.
En effet, le secteur de l'énergie a connu durant les deux dernières années une progression notable, notamment en matière de production. Les prévisions pour 2007 tablent sur l'accroissement de la production du pétrole et du gaz à 20% en réalisant un volume de production de 90.000 barils par jour. Cet accroissement est principalement lié à la dynamisation des activités d'exploration et d'extraction effectuées par les entreprises on-shore et celles off-shore. Le total de surfaces sous exploitation est passé de 154,000 km 2 en 2005 à 163,000 km2 en 2006 et les investissements ont augmenté de 150 millions de dollars à 205 millions de dollars entre 2005 et 2006. L'accroissement de la production pétrolière a largement contribué à la contraction des pressions liées aux contrecoups pétroliers en réduisant le poids des coûts à 45%.
Néanmoins, la production supplémentaire demeure insuffisante à la satisfaction des besoins en surcroît des consommateurs et de la demande nationale. L'enveloppe importante de subventions allouées au secteur limite les objectifs de croissance et pèse lourdement sur le budget de l'état. Lequel devrait prévoir pour l'année 2008 des primes de subvention supplémentaires pour le secteur des hydrocarbures. En 2007, la prime de compensation des hydrocarbures s'est élevée à 450 millions de dinars et le total des subventions directes et indirectes allouées au secteur est estimé à 2000 millions de dinars. Pour l'exercice 2007-2008 et compte tenu de la nouvelle donne, l'enveloppe des subventions devrait s'amplifier davantage.
A la lumière des évolutions des prix internationaux des hydrocarbures, Il demeure insensé d'écarter les probabilités d'une hausse des prix nationaux à la pompe. Il convient de signaler qu'un mouvement d'ajustement à la hausse des prix des hydrocarbures est totalement légitime. Toute augmentation de la demande à un niveau supérieur à celui de l'offre implique automatiquement une augmentation des prix. C'est la loi du marché, on n'y peut rien. Mais, il faut dire qu'en Tunisie les répercussions de la hausse des prix internationaux n'auront pas les mêmes effets qu'ailleurs, dans la mesure où les prix des hydrocarbures ne sont pas libres et ne sont pas indexés aux prix internationaux. Donc tout ajustement des prix à la hausse des hydrocarbures reste envisageable surtout que les prix ne pourront guère suivre un mouvement rétroactif. N'empêche que ces ajustements rationnels de point de vue économique, devraient - si et seulement ils viendraient à exister- prendre en considération les objectifs du développement économique et social du pays tout en préservant le pouvoir d'achat du consommateur. Après les deux ajustements de l'année dernière, peut-on prévoir un autre ajustement à la hausse des prix des hydrocarbures durant les mois qui viennent ?.
Yosr GUERFEL
vendredi 26 octobre 2007
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