Plus tard, sous un vieux porche, eu lieu le conseil des notables, présidé par un lieutenant-colonel, entouré de trente officiers. Les notables ont obtenu l'Aman et ont traité sur l'Alma avec Djellouli, le Gouverneur Beylical, qu'ils avaient expulsé. Il a été entendu qu'ayant toute discussion, ils s'en iraient aux quatre coins de la ville, par deux ou trois, criant à leurs coreligionnaires qu'il y avait trêve et qu'ils pouvaient sortir des caves sans danger pour leur vie.
Il faut dire qu'un avis semblable, lu par des interprètes, n'avait produit aucun effet. Les officiers donnent à chaque notable une garde de quatre hommes, et voilà nos gens partis, criant en arabe et invitant leurs compatriotes à sortir de terre.
Aussitôt, par dix et par quinze, les Arabes se dénichent. Plus d'un jeune troupier demeure stupéfait, et songe au nombre incalculable de coups de fusil qui pouvaient encore sortir des caves.
Tout ce monde avait passé quatre jours sans manger ni boire, ce qui n'est pas excessif pour un Arabe qui fait la guerre sainte. Mais ils ne s'en jetaient pas moins avec avidité sur les tasses d'eau que les soldats leur apportaient.
Ces soldats sont ainsi faits : après avoir fusillé avec rage pendant la lutte, ils s'empressent autour des blessés qui sortent de leurs repaires sur la foi des traités.
Il est probable que le général Logerot viendra, à Sfax prochainement, pour se rendre compte de la situation et décider certaines mesures d'occupation.
Les troupes vont occuper la ligne d'enceinte de la ville, vont faire éclater les canons dont les insurgés se servaient, raser les murailles, trop élevées, et attendre que les Sfaxiens viennent relever leurs maisons, si tel est leur bon plaisir.
D'indemnités, il n'on sera accordé qu'à la condition de les prendre sur les Arabes ; aussi la contribution de guerre qui sera imposée sera-t-elle probablement considérable. Avec l'argent, ou compensera les pertes que le bombardement et les autres faits de guerre auront fait subir aux Européens.
(plus tard, la ville de Sfax, a été imposée pour dix millions de piastres soit environ six millions de franc !!!)
Un seul navire de guerre étranger assistait à la prise de Sfax, le "Monarch", frégate anglaise. Le commandant a été correct, en apparence. Sur l'invitation habile de son gouvernement, il a proposé tout d'abord son concours belliqueux qui fut décliné.
Plus tard, le commandant du Monarch envoya, pendant l'action des escadres, douze barriques d'eau fraîche aux soldats français, ses médecins et ses ambulanciers avec le pavillon blanc à croix rouge de la convention de Genève. II félicita, après l'action, les officiers français de son grade.
En l’espace de quelques jours, la population. Musulmane commence à revenir; elle se méfie toujours un peu, mais cela passera. Les Arabes insurgés sont toujours réfugiés dans les jardins de Sfax qui ont six lieues d'étendue. II faudrait une armée pour les traquer, mais il est probable que le terrible châtiment que les Sfaxiens ont subi pacifiera cette contrée.
On se figure sans doute en France que Sfax est une petite ville, un bourg fortifié, quelque village arabe perdu sur la côte sud de la Tunisie.
Or il faut savoir que Sfax était, après Tunis, la ville la plus importante de toute la Régence. Rivalisant avec Tripoli pour le commerce des huiles, des alfas, des plumes d'autruche, des fruits et des froments, Sfax venait avant Sousse, avant Monastir et avant Mahdia, ces trois ports d'exportation de la Tunisie, aussi inconnus des Parisiens qu'ils sont fréquentés des trafiquants méditerranéens, Grecs, Maltais, Algériens et autres.
Quinze mille habitants aisés demeuraient à Sfax. Après l’acte de guerre, ils commencent à revenir. Le colonel Jamais les a autorisés à rentrer en ville, mais à la condition d'être accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants : les célibataires sont soigneusement écartés; un conseil d'examen préside à ce triage et siège en permanence à la place.
Au lendemain de la prise de Sfax, il y a eu un petit marché aux portes de la ville. On y a vendu aux troupes et à l'escadre du raisin et des volailles ; c'est le commencement de la détente. Un ordre du colonel Jamais a prescrit hier la mise en accusation, devant le conseil de guerre, de tout soldat qui soustrairait un objet des maisons aujourd'hui rouvertes.
Le sous-gouverneur a repris ses fonctions, en attendant que Djellouli ose reprendre les siennes. Le vieux gouverneur de la ville est toujours réfugié à bord de l'Alma; il rentrera en ville demain, quand une centaine de familles seront réintégrées. Celles qui sont déjà revenues sont remises en possession de leurs maisons, ou du moins de ce qui reste : elles font en partie le "popotte" avec les troupiers, car il ne leur reste en général pas une fourchette ni une tasse. Tout a sauté en l'air ou s'est fondu dans le feu.
La veille de la prise de Sfax, entre minuit et une heure, il y a eu une alerte : cent cavaliers de la plaine environ sont venus attaquer les chameaux d'un groupe de Sfaxiens, campés à proximité de la ville et prêts à rentrer chez eux au petit jour. Ces Arabes vont sans doute sur Gabès et ont besoin de moyens de transport; ils ont vigoureusement attaqué les Sfaxiens qui, tous armés, se sont défendus. Nos Gardes ont été à leur tour attaquées par les cavaliers que les Sfaxiens avaient repoussés, et des feux de salve bien nourris en ont jeté bon nombre à terre.
Ces alertes nocturnes ne discontinuent pas ; elles entretiennent l'inquiétude du soldat, car, chaque nuit, on entend des coups de fusil autour de la ville. Les troupes françaises ont construit près des remparts arabes des tranchées en terre et des épaulements, en cas de retour offensif d'Ali Ben Khlifa, le grand meneur de toute l'affaire de Sfax, avec Ali Chérif, l'ancien commandant de place.
Il faut dire qu'un avis semblable, lu par des interprètes, n'avait produit aucun effet. Les officiers donnent à chaque notable une garde de quatre hommes, et voilà nos gens partis, criant en arabe et invitant leurs compatriotes à sortir de terre.
Aussitôt, par dix et par quinze, les Arabes se dénichent. Plus d'un jeune troupier demeure stupéfait, et songe au nombre incalculable de coups de fusil qui pouvaient encore sortir des caves.
Tout ce monde avait passé quatre jours sans manger ni boire, ce qui n'est pas excessif pour un Arabe qui fait la guerre sainte. Mais ils ne s'en jetaient pas moins avec avidité sur les tasses d'eau que les soldats leur apportaient.
Ces soldats sont ainsi faits : après avoir fusillé avec rage pendant la lutte, ils s'empressent autour des blessés qui sortent de leurs repaires sur la foi des traités.
Il est probable que le général Logerot viendra, à Sfax prochainement, pour se rendre compte de la situation et décider certaines mesures d'occupation.
Les troupes vont occuper la ligne d'enceinte de la ville, vont faire éclater les canons dont les insurgés se servaient, raser les murailles, trop élevées, et attendre que les Sfaxiens viennent relever leurs maisons, si tel est leur bon plaisir.
D'indemnités, il n'on sera accordé qu'à la condition de les prendre sur les Arabes ; aussi la contribution de guerre qui sera imposée sera-t-elle probablement considérable. Avec l'argent, ou compensera les pertes que le bombardement et les autres faits de guerre auront fait subir aux Européens.
(plus tard, la ville de Sfax, a été imposée pour dix millions de piastres soit environ six millions de franc !!!)
Un seul navire de guerre étranger assistait à la prise de Sfax, le "Monarch", frégate anglaise. Le commandant a été correct, en apparence. Sur l'invitation habile de son gouvernement, il a proposé tout d'abord son concours belliqueux qui fut décliné.
Plus tard, le commandant du Monarch envoya, pendant l'action des escadres, douze barriques d'eau fraîche aux soldats français, ses médecins et ses ambulanciers avec le pavillon blanc à croix rouge de la convention de Genève. II félicita, après l'action, les officiers français de son grade.
En l’espace de quelques jours, la population. Musulmane commence à revenir; elle se méfie toujours un peu, mais cela passera. Les Arabes insurgés sont toujours réfugiés dans les jardins de Sfax qui ont six lieues d'étendue. II faudrait une armée pour les traquer, mais il est probable que le terrible châtiment que les Sfaxiens ont subi pacifiera cette contrée.
On se figure sans doute en France que Sfax est une petite ville, un bourg fortifié, quelque village arabe perdu sur la côte sud de la Tunisie.
Or il faut savoir que Sfax était, après Tunis, la ville la plus importante de toute la Régence. Rivalisant avec Tripoli pour le commerce des huiles, des alfas, des plumes d'autruche, des fruits et des froments, Sfax venait avant Sousse, avant Monastir et avant Mahdia, ces trois ports d'exportation de la Tunisie, aussi inconnus des Parisiens qu'ils sont fréquentés des trafiquants méditerranéens, Grecs, Maltais, Algériens et autres.
Quinze mille habitants aisés demeuraient à Sfax. Après l’acte de guerre, ils commencent à revenir. Le colonel Jamais les a autorisés à rentrer en ville, mais à la condition d'être accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants : les célibataires sont soigneusement écartés; un conseil d'examen préside à ce triage et siège en permanence à la place.
Au lendemain de la prise de Sfax, il y a eu un petit marché aux portes de la ville. On y a vendu aux troupes et à l'escadre du raisin et des volailles ; c'est le commencement de la détente. Un ordre du colonel Jamais a prescrit hier la mise en accusation, devant le conseil de guerre, de tout soldat qui soustrairait un objet des maisons aujourd'hui rouvertes.
Le sous-gouverneur a repris ses fonctions, en attendant que Djellouli ose reprendre les siennes. Le vieux gouverneur de la ville est toujours réfugié à bord de l'Alma; il rentrera en ville demain, quand une centaine de familles seront réintégrées. Celles qui sont déjà revenues sont remises en possession de leurs maisons, ou du moins de ce qui reste : elles font en partie le "popotte" avec les troupiers, car il ne leur reste en général pas une fourchette ni une tasse. Tout a sauté en l'air ou s'est fondu dans le feu.
La veille de la prise de Sfax, entre minuit et une heure, il y a eu une alerte : cent cavaliers de la plaine environ sont venus attaquer les chameaux d'un groupe de Sfaxiens, campés à proximité de la ville et prêts à rentrer chez eux au petit jour. Ces Arabes vont sans doute sur Gabès et ont besoin de moyens de transport; ils ont vigoureusement attaqué les Sfaxiens qui, tous armés, se sont défendus. Nos Gardes ont été à leur tour attaquées par les cavaliers que les Sfaxiens avaient repoussés, et des feux de salve bien nourris en ont jeté bon nombre à terre.
Ces alertes nocturnes ne discontinuent pas ; elles entretiennent l'inquiétude du soldat, car, chaque nuit, on entend des coups de fusil autour de la ville. Les troupes françaises ont construit près des remparts arabes des tranchées en terre et des épaulements, en cas de retour offensif d'Ali Ben Khlifa, le grand meneur de toute l'affaire de Sfax, avec Ali Chérif, l'ancien commandant de place.
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