mardi 13 novembre 2007

67- La Prise de Sfax : un Massacre oublié par l’Histoire (1ère Partie)

Dès la capitulation du pays des Kroumirs, ensuite de Tunis la Capitale de la régence et la signature du traité du Bardo par Sadok Bey qui institua le Protectorat français sur la Régence, Mr Roustan, le Résident Général et avec l’aide de ses Généraux prit les premiers arrangements nécessaires pour compléter la domination de tout le nord de la Régence.

Les quelques résistances s'éteignaient tous les jours; les tribus visitées par l’armée française venaient solliciter l'Aman et remplir les conditions qui leur étaient imposées : désarmement, obligation pour la tribu de reprendre ses campements ou installations habituels ; fourniture de mulets pour le service des transports de l’armée française; provision de 40 francs par tente à verser au Trésor par les tribus contre lesquelles les Algériens, Européens ou indigènes avaient présenté des revendications fondées; engagement à payer, comme contribution de guerre, telle somme que le gouvernement fixerait ultérieurement; livraison des réfugiés, condamnés, contumaces, gens dangereux réclamés par les français et livraison d'otages à titre de garantie pour l'exécution de ces conditions.

Le Général Logerot entreprit aussi de châtier certaines tribus frontalières, ainsi il parti en razzia avec 4 bataillons contre des fractions des Chihia, des Beni-Mazen, les Ouled Ali M'fodda, les M'rassen et les Ouchteta. Il leur imposa des dures conditions, emporta même avec lui des otages et infligea une grande ruine aux Ouchtetas.

La campagne était finie : en quelques semaines, l’armée française à su établir l'ordre dans le pays et sa domination était reconnue par les tribus soumises. L’Armée Française ne devait donc pas s'attendre à être obligés de bientôt reprendre la lutte. C'est cependant ce qui arriva.

Depuis des longs mois des Mokaddem de l'ordre religieux des Senoussia répandus par millions à travers l’Afrique et qui vouent une haine implacable aux chrétiens parcourent
Le sud Tunisien, en prêchant la guerre sainte et annonçant le triomphe prochain des vrais croyants.

De même, surexcité par les fonctionnaires turcs de la Tripolitaine, le Colonel "Amir Liwé" Sidi Ali Ben Khlifa (70 ans) qui est aussi le Caïd de plusieurs localités du centre-ouest refuse le traité du Bardo et se révolté même contre le pouvoir du Bey.

Malgré les tentatives du Bey de rallier l’ensemble des tribus autour de lui par la force ou par la corruption, Ali Ben Khlifa, aidé par son frère Hadj Salah Ben Khlifa, est arrivé à avoir l’allégeance de plusieurs tribus qui se sont adhérés à sa cause, celle de combattre l’envahisseur Français.

En Juin 1881, Ali Ben Khalifa réussi à réunir les chefs des tribus du Sud et du centre Tunisien ainsi que les plus importants Chefs Religieux et les Hommes Influents du pays dans la symbolique mosquée de "Okba Ibn Nefaa" a Kairouan. Officiellement, la Résistance à l’envahisseur Française et à l’autorité Beylicale viennent d’être déclarés.

De même Ali Ben Khlifa se retourne vers le Dey de Tripoli et le Sultan Turc pour leur demander aides et armes qui ne parviendrons jamais aux insurgés.

Sans attendre le secours Turque, le Vieillard et par les propres moyens de sa tribu les Neffets, commence à armer les insurgés et entama une guérilla qui dura 4 ans pendant lesquels il eu une série d'engagements très meurtriers avec les contingents d’Ali-Bey.

Le 25 juin 1881 et avec l’aide des cavaliers de la tribu Mhedhba, Ali Ben Khlifa remporta une victoire écrasante contre un groupe de Soldats du Bey dans la région de Sfax.
Encouragés par cette victoire, beaucoup d'autres cavaliers et guerriers des tribus tunisiennes ont rejoints la Guérilla et le 2 Juillet 1881, Ali-ben-Khalifa fut même nommé Bey avec Sfax comme capitale provisoire.

Lors de la révolte de la ville de Sfax, certains Européens furent massacrés, et les étrangers ainsi que certains notables y inclus le Caïd Local Djellouli durent se réfugier à bord des navires en rade.

Sous les ordres du vice-amiral Garnault, l’escadre de la Méditerranée, avait été chargée d'aller prendre Sfax et le 14 juillet au soir, les cuirassés "le Colbert", vaisseau amiral, "le Trident", "le Marengo", "le Friedland", "la Surveillante", "la Revanche" et "la Reine-Blanche", "la Galissonière" et "l'Alma"; les canonnières "la Pique", "le Chacal", "le Léopard", "l'Hyène" et "le Gladiateur"; les transports "la Sarthe" et "l'Intrépide" sont mouillés devant la villa de Sfax.
Dans les premiers jours de juillet et après échec des négociations avec les arabes, l'escadre française entama le bombardement de la ville pendant tous les jours pour ne s’arrêter que le soir. La nuit, les arabes réparaient et rebâtissaient ce que les obus avaient démoli, mais ils ne pouvaient pas faire ressusciter leurs nombreux morts.

Après un essai infructueux tenté le 8 juillet, le vendredi 15 commence un bombardement lent avec les grosses pièces des gaillards, tandis que les canonnières au-dessus desquelles passent, en deux étages, les obus de l'escadre et de la division du Levant, cherchent à démolir les défenses de la plage et à faire brèche dans la muraille. Cette première opération prépare le débarquement et l'attaque qui sont ordonnés pour le lendemain. Les transports la Sarthe et l'Intrépide fournissent deus canots-tambour ou chalands plats en tôle dans lesquels on installe des canons qui pourront approcher très prés du rivage et contribuer puissamment à protéger le débarquement.

Au point du jour du samedi 16 juillet 1881 et de l'aveu de tous les témoins, un bombardement mémorable, qui a duré à pleine volée pendant deux heures, rappelait les plus effrayants spectacles du genre, y compris la canonnade nocturne de Cherbourg servie par les mêmes cuirassés, il y a juste un an.

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