mardi 11 décembre 2007

67 morts à Alger

ALGER (Reuters) - Soixante-sept personnes ont péri dans l'explosion de deux voitures piégées dans deux quartiers d'Alger, attentats les plus meurtriers en Algérie depuis les violences politiques des années 1990.

Ce double attentat, dont le dernier bilan a été fourni de source proche du ministère algérien de la Santé, n'a pas été revendiqué pour l'instant. Mais selon certains commentateurs, il serait l'oeuvre de la branche nord-africaine d'Al Qaïda, Al Qaïda pour le Maghreb islamique (ex-GSPC, Groupe salafiste pour la prédication et le combat), lequel a déjà revendiqué un attentat du même genre, en avril dans Alger, ainsi que d'autres explosions à l'est de la capitale, au cours de l'été.

L'un des attentats a visé le siège du Conseil constitutionnel, dans le quartier de Ben Aknoun, et l'autre a été perpétré dans le quartier de Hydra, à proximité d'un commissariat et de bureaux algérois des Nations unies - en l'occurrence du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et du HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés). Des compagnies occidentales ont leurs bureaux dans ces deux quartiers.

Un porte-parole de l'Onu a indiqué à New York qu'un employé du HCR avait trouvé la mort dans l'attentat et que 13 autres employés de l'Onu - dont un membre du HCR - étaient portés disparus. Les 12 autres appartiennent à diverses agences onusiennes, dont le Pnud ou le Pam (Programme alimentaire mondial).

"Nous ignorons s'ils se trouvent sous les décombres", a dit à Reuters Jean Fabre, directeur des bureaux genevois du Pnud. Les bureaux du HCR ont subi d'importants dégâts.

Cet attentat ravive le souvenir de celui qui avait détruit les locaux des Nations unies à Bagdad en août 2003, faisant 22 morts dont le chef de la mission onusienne, Sergio Vieira de Mello.

INDIGNATION DE L'UE, DE WASHINGTON ET DE PARIS

Le ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni, cité par la radio nationale, a déclaré qu'apparemment, un kamikaze conduisait la voiture piégée qui a explosé dans Hydra.

A Ben Aknoun, peu après l'explosion, des gens paniqués couraient dans les rues, tandis que retentissaient des sirènes de police. Dans ce quartier, rapporte l'agence officielle de presse APS, plusieurs des victimes sont des écoliers qui se trouvaient à bord d'un car scolaire.

"J'étais tout près quand j'ai entendu une énorme explosion. Je n'en peux plus de cette situation", a rapporté à Reuters Mohamed Selnani, un étudiant.

Les lignes téléphoniques fonctionnaient mal ou étaient coupées dans la capitale algérienne, qui compte trois millions d'habitants. "Je veux appeler ma famille, mais c'est impossible. Les lignes sont saturées. Je sais qu'ils sont très inquiets parce que je travaille près du Conseil (constitutionnel)", a déclaré une femme employée dans une parfumerie.

A l'étranger, Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures, s'est déclarée "épouvantée par ces actes odieux contre des civils" et qu'elle a condamnés "dans les termes les plus vigoureux".

La Maison blanche a estimé que les auteurs de ces attentats étaient des "ennemis de l'humanité".

Le président français Nicolas Sarkozy, qui était en visite en Algérie la semaine dernière, a téléphoné à son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika pour lui exprimer la solidarité de la France après les attentats d'Alger.

Plusieurs attentats ou tentatives d'attentats sont survenus le 11 du mois, ce qui représente, selon certains, une forme d'hommage de leurs auteurs aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Ainsi, le 11 avril 2002, un attentat suicide était-il commis devant une synagogue de Djerba en Tunisie. Plusieurs trains madrilènes ont été ensanglantés le 11 mars 2004, et des bombes avaient fait 33 morts à Alger le 11 avril dernier, un mois jour pour jour après un attentat suicide dans un café internet de Casablanca. Le 11 juillet dernier, enfin, un kamikaze avait fait exploser un véhicule en Kabylie, près d'une caserne, tuant huit personnes.

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